Publié le 17/09/2021 à 06:25 | Mis à jour le 17/09/2021 à 07:57


Elles n’ont pas 20 ans et sont à la tête de Volar, une association de défense des droits LGBTI. Un militantisme qui s’inscrit dans leur génération, sans être opposé aux combats plus anciens.
Elles s’appellent Aïda Srairi et Louise Bedos, ont 19 et 18 ans et sont à la tête de l’association étudiante Volar, qui défend les droits des personnes lesbiennes, gay, bisexuelles, transsexuels et d’autres minorités sexuelles et de genre.
C’est après leur courte expérience qu’elles se sont toutes les deux tournées vers ce militantisme. « J’ai grandi dans une famille homoparentale, j’ai deux mamans et deux papas. On m’a toujours dit que tant qu’il y a de l’amour, c’est bien. C’est devenu une question à cause de la pression sociale », raconte Louise. Si elle a tendance à se définir comme bisexuelle, elle souhaite surtout ne pas se « coller d’étiquette. »
« J’ai toujours été incitée à m’engager »De son côté, Aïda vient du Maroc, où elle a étudié à l’école française. Elle ne souhaite pas non plus se définir en fonction d’une orientation sexuelle particulière. « Au Maroc, les questions LGBT ne sont pas du tout abordées. J’ai toujours été convaincue que ce qui compte, c’est l’amour, peu importe le sexe ou le genre. Je n’ai pas eu l’occasion de militer, mais j’ai toujours été incitée à m’engager. En arrivant à Sciences-Po, je me suis dit : pourquoi pas essayer. »
Toutes deux n’ont pas eu d’expérience d’une discrimination directe, mais ont vécu cette situation par procuration « J’avais un de mes meilleurs amis du lycée qui est gay. Il y avait des gens qui n’étaient pas du tout sensibilisés à ces questions. C’était très difficile pour lui, dès qu’il était avec un autre garçon, il pouvait faire l’expérience de violences. C’est fou l’ampleur que ça peut prendre, l’anxiété et le stress que ça génère. »
Faire progresser les choses C’est au collège qu’elle s’est dit qu’elle voulait s’engager, quand les premières remarques sur ses parents sont tombées, y compris de la part de professeurs. C’est également lors de sa scolarité qu’Aïda a été témoin de discriminations envers des camarades. C’est une fois arrivées à Poitiers qu’elles se sont engagées dans une association, Volar, pour défendre leurs convictions. « S’engager, c’est essayer de changer les choses à notre mesure, faire des actions auprès du public, faire le premier pas pour que les choses puissent changer. À un moment, il faut des actions », analyse Aïda. « On est convaincues qu’on peut faire progresser les choses. Moi, je ne perds pas espoir, qu’on peut toucher une, deux ou une centaine de personnes. »
À l’aune de leurs 20 ans, les deux militantes savent aussi qu’elles se confrontent à des militants de longue date. « Il y a d’anciens militants qui ne comprennent pas l’émergence de nouvelles identités », note Louise. « Il y a des choses qui ont évolué, les anciens ont vécu la période de l’épidémie de sida, par exemple. Mais il y a des combats qui sont toujours là, comme le sentiment d’insécurité, les agressions homophobes », complète Aïda. Pour elles, le militantisme c’est aussi s’exposer, aux regards des autres ou aux remarques homophobes, même si elles s’estiment chanceuses d’évoluer dans un milieu universitaire tolérant. Et alors, est-ce que s’engager, c’est faire de la politique ? « Être militante, c’est de l’engagement politique. Peu importe ce qu’on fait, il y aura forcément un impact. Il ne suffit pas de voter pour être un bon citoyen », répond Louise. Aïda hoche la tête, mais précise que cela ne l’engage pas dans une carrière politicienne…