Publié le 19/10/2020 à 06:25 | Mis à jour le 19/10/2020 à 14:41


La création de l’association Solidarité Anorexie-Boulimie 86 s’inscrit dans le parcours étudiant d’Emma Duprez, qui veut donner la parole aux malades et à leur entourage.
On peut nous appeler, quel que soit son rapport à la maladie, la personne sera écoutée avec bienveillance. Emma Duprez a 19 ans. Étudiante en deuxième année de Sciences Po à Poitiers, cette jeune Vendéenne a créé l’association Solidarité Anorexie-Boulimie 86. Cette association nationale, présente dans 24 villes en France, a ainsi désormais une antenne dans la Vienne, affiliée à l’Udaf (Union départementale des associations familiales). Une première réunion est organisée le 24 octobre.
Avec quatre autres membres du conseil d’administration, Emma Duprez donne de son temps envers toute personne concernée par l’anorexie mentale ou la boulimie. Cette action de solidarité est même partie prenante de son cursus étudiant.
« Ce n’est pas un caprice à punir, c’est une maladie dont on peut mourir »
« En tant qu’ancienne anorexique, j’avais envie d’apporter mon aide. Pour offrir un espace de parole à des personnes malades ou à leur entourage. Quand on est malade, on peut avoir besoin de parler à quelqu’un d’autre qu’un médecin. Quant à l’entourage, il se sent souvent impuissant et rencontrer d’autres parents pourrait aider à se sentir moins seul dans cette épreuve. »
Emma et les autres membres de l’association se présentent comme des « soulageants ». L’objectif est de créer un réseau de confiance avec les professionnels et de permettre aux personnes de s’exprimer, de se rencontrer, de partager leur expérience. « Sans jugement. »
Emma a été malade alors qu’elle n’avait que 11 ans. On parle alors d’anorexie infantile. Le diagnostic n’a pas été posé tout de suite et les traitements, hospitalisations, isolements ont été douloureux pour toute la famille (la jeune femme est l’aînée d’une fratrie de quatre enfants). « Il est souvent compliqué de mettre un nom sur la maladie, on peut parfois penser à une dépression avec des troubles alimentaires. Quand elle touche des garçons, elle est encore moins détectable car on ne pense pas à cette maladie psychiatrique. Les expériences sont très différentes entre elles car les causes sont multiples. On veut arrêter le corps qui maigrit alors que c’est dans la tête. Ce n’est pas un caprice à punir, c’est une maladie dont on peut mourir. Mais la prise en charge a bien progressé en France. »
Donner de l’espoir
Rayonnante devant un cappuccino crémeux, Emma Duprez entend aussi donner de l’espoir. « Nous, nous ne sommes que des intermédiaires dans l’association pour mettre les gens en relation. Mais on montre aussi qu’on peut s’en sortir. » Aujourd’hui, la jeune femme est à l’écoute de son corps et de ses besoins. « J’aime beaucoup manger, je fais très attention à ne louper aucun repas. C’est vrai que la nourriture rythme ma journée. Quand j’étais anorexique, j’avais envie de manger, mais la maladie disait non. »
Tout cela est derrière elle, mais l’étudiante sait que son expérience peut aider des familles. « Mes parents auraient sans doute mieux vécu ma maladie s’ils avaient eu un espace où s’exprimer et échanger. »
Rencontre publique, de parole, d’écoute et d’entraide, samedi 24 octobre, de 10 h à 12 h, à l’Udaf, 24, rue de la Garenne (près du lycée du Bois d’Amour à Poitiers-sud). Permanence téléphonique bénévole, de 15 h à 18 h, chaque samedi. solidarite.anorexie-86@laposte.net 06.72.36.20.98 ou 06.68.63.31.40.