Publié le 12/11/2016 à 05:38 | Mis à jour le 02/06/2017 à 05:25

Darío, étudiant espagnol de 19 ans, va remonter l’histoire de l’abbaye jusqu’au XIe siècle.

Darío García de Viedma, étudiant à Poitiers, a choisi la commune de l’Indre comme sujet de mémoire pour ses relations ambiguës avec l’abbaye.

 

Darío a découvert l’abbaye bénédictine de Fontgombault, il y a deux ans. « Grâce à un ami, j’ai pu participer à un dîner avec les moines,raconte-t-il. Ils nous ont raconté leur philosophie de vie, en autarcie et en toute indépendance. On a pu entendre leurs chants grégoriens, c’était très intéressant. Ils ont aussi une bibliothèque où le cardinal Ratzinger a étudié avant de devenir le pape Benoît XVI. Mais nous n’avons pas pu y accéder. »

«  Une approche historique  »

Étudiant en deuxième année à Sciences Po, à Poitiers, il a décidé de faire de Fontgombault un objet d’étude. « Je suis chargé de réaliser un mémoire dans le cadre d’un cours de relations entre organisations religieuses et l’État, et je voudrais traiter la laïcité au niveau local. »
Le conseil municipal fontgombaldien, où siègent deux des soixante moines de la congrégation, est un excellent laboratoire. Mais Darío García va remonter, dans le cadre de ses recherches, « jusqu’au XI esiècle », date de l’édification de ce joyau de l’art roman qui abrita, dans les années 1970, le chef de la milice lyonnaise sous le régime de Vichy, Paul Touvier. « Je vais avoir une approche historique de ces relations depuis le Moyen Age. »L’étudiant entend donc décortiquer la période Jacques Tissier, les liens de l’abbaye avec les milieux d’extrême droite et se projeter au-delà.
Pour ce faire, il s’est d’ores et déjà rapproché des anciens membres du Collectif des Indignés qui, en 2014, s’est farouchement opposé au maire, Jacques Tissier, qui invoquait la loi divine pour justifier son refus d’appliquer la loi sur le Mariage pour tous. Ceux-là qui, aussi, continuent de dénoncer une politique de passe-droit envers l’abbaye. Mais il espère aussi que les moines lui ouvriront à nouveau leurs portes. « La situation de Fontgombault est structurelle et se répète dans d’autres communes en France, où l’église est très présente sans que les citoyens soient au courant. »L’étudiant fait de Fontgombault un cas d’école.

bertrand.slezak@nrco.fr

Nouvelle République | Un étudiant de Sciences Po se penche sur Fontgombault