En présence de Cecilia Baeza – Sciences Po, Animé par Olivier Dabène – Sciences Po et les étudiants du campus de Poitiers
Ce dimanche 25 octobre le Chili choisira s’il accepte ou refuse de lancer le processus de révision constitutionnelle. C’est une nouvelle étape importante de l’histoire du pays.
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Sciences Po accueille cette année sur son campus de Poitiers 276 étudiants (+26 % par rapport à l’année dernière), un effectif qui comprend 141 étudiants de 1re année du Collège universitaire, dont plus de la moitié d’étudiants internationaux. L’attractivité de Sciences Po auprès de ces derniers ne s’est pas démentie, avec des candidatures internationales globales qui ont augmenté de 16 % par rapport à la rentrée précédente (+7,5 % pour les candidatures en 1re année). À compter de la reprise des cours, qui aura lieu le lundi 14 septembre, l’ensemble des étudiants accédera à la fois au campus physique et au nouveau campus numérique pour des cours au format largement réinventé.
Rose Emanuella a 19 ans. Elle vient d’obtenir son bac ES avec mention bien. Née en Haiti, elle est arrivée en Guyane sans ses parents il y a 5 ans. Eux sont restés au pays natal. Son projet professionnel est justement en rapport avec son parcours semé d’embuches
J’ai envie de travailler dans un organisme international comme l’ONU, dans des secteurs spécialisés dans les droits comme ceux des migrants ou des femmes…
Rose Emmanuella Hector Admise à Sciences Po Poitiers
Il y a toujours la stigmatisation des migrants et plus précisément des haïtiens. Moi je vis dans ce quartier et je tiens à dire aujourd’hui que j’ai réussi une première partie… et dans le quartier, on travaille. Les jeunes quand ils arrivent, ils ne viennent pas pour faire n’importe quoi mais parce que les circonstances obligent… Il y en a qui ont leur bac avec mention très bien et qui ne peuvent pas continuer leurs études car ils n’ont pas eu la chance d’avoir un titre de séjour… C’est dommage car on participe tous à la vie de la Guyane…
Sa meilleure amie Destinas Georges Reshelnmir n’est pas étonnée de sa réussite car Rose Emmanuella, ne sort jamais, est très studieuse, concentrée sur ses objectifs.
C’est un quartier informel et je préfère le terme spontané, cela donne une image plus positive. Dans notre quartier il n’y a pas que des points négatifs comme le manque d’eau, d’électricité, l’insalubrité, il y a aussi des points positifs comme l’entraide entre nous. Ici, tu ne peux pas mourir de faim. J’aimerai travailler dans l’urbanisme pour aider les personnes à bien se loger et je sais que je serai utile…
Florence Kibido Admise à Sciences Po Poitier
De parents surinamais, Florence est née à Saint Laurent. Elle appartient à la communauté saramaca et s’investit dans le quartier au sein de son association culturelle pour la préservation des traditions. Florence vit chez sa tante, une tante, Catherine Jackie aussi très fière du parcours de sa protégée :
C’est une jeune fille très studieuse, elle ne lâche rien du tout. Elle va jusqu’au bout. Florence participe à tout, elle est généreuse, joyeuse, ouverte d’esprit. Elle est super sociable…
Ces deux jeunes filles comptent bien revenir en Guyane et devenir actrices du développement de leur terre d’accueil. Leur départ pour Poitier est prévu le 29 août prochain. Si pour Florence tout est déjà bouclé d’un point de vue administratif. Pour Rose Emmanuella, le combat pour obtenir une bourse et des aides n’est pas encore gagné avec un titre de séjour, tout est plus compliqué.
A la fin du mois d’août, Cristofe Montabord aura quitté la Guyane, le village chinois à Cayenne pour le campus Sciences Po à Poitiers. Ce jeune membre de l’association « Les Frères de la Crik » a suivi un parcours scolaire sans faute jusqu’à l’obtention de son bac ES avec la mention très bien.Catherine Lama • Publié le 25 juillet 2020 à 04h21En même temps que l’obtention de son bac Economique et social avec la mention très bien, Cristofe Montabord, est admis à l’Institut d’études politiques de Paris au campus euro-latino-américain du Collège universitaire de Poitiers. Il vient de franchir un premier palier qui va le conduire sur la voie de l’excellence universitaire. Fier de cette réussite, il demeure toutefois très lucide sur les difficultés qu’il devra affronter pour mener à bien ses études.
Ce qui me motive c’est la peur de l’échec. J’ai peur de ne pas réussir dans la vie donc je me motive pour toujours aller de l’avant.
La stigmatisation, un aiguillon permanent pour réussir
Cristofe a grandi dans un quartier populaire, le village chinois de Cayenne. Depuis petit, il passe de l’espagnol au français. Sa mère, originaire de la République Dominicaine, a élevé son fils seule. Né à Cayenne, le garçon fréquente l’Ecole primaire Gaëtan Hermine, puis le collège Eugène Nonnon avant d’intégrer le lycée Melchior et Garré pour une seconde avec une section internationale américaine. Il met à profit cet enseignement qui lui permet aujourd’hui de s’exprimer parfaitement en anglais en plus de maîtriser l’espagnol. A 18 ans, son bac Economique et Social mention très bien en poche, il se tourne maintenant vers l’hexagone pour un autre cursus. Depuis sa tendre enfance, le garçon a dû composer avec ses origines et son quartier pour s’élever malgré l’adversité :
Rompre la stigmatisation du village chinois. Tout cela a joué un rôle. On perd parfois la confiance en nous parce qu’on se dit qu’on va être jugé par rapport à nos origines. Donc pour moi c’est comme une sorte de victoire, j’ai réussi malgré la stigmatisation, malgré les regards… Le village chinois ce n’est pas que la drogue, la prostitution, l’alcool etc… c’est aussi du talent, de l’éducation. Je voulais montrer que c’est possible. Je me suis toujours accroché pour ma Guyane, pour mon quartier.
Les frères de la Crik
Comme bénévole à l’association Les frères de la Crik, Cristofe gère la communication sur instagram. Il est devenu membre de l’association à 10 ans. Cela lui a permis de développer son goût pour le monde associatif. Aider les autres, montrer l’investissement de chacun, se sentir au sein d’une communauté et appartenir à un groupe.
Ce que je retiens de cette association, c’est l’aide qui est apportée aux jeunes avec la mise en place de médiateurs. C’est quelque chose de très remarquable… C’est une famille, une fraternité du plus grand au plus petit. Une vraie aide pour les jeunes, la création du groupe de carnaval, les sorties en communes, les prix qui sont donnés en fin d’année pour les diplômés. Soutenir autant la jeunesse cela ne peut être que positif pour l’avenir…
Cristofe, un bon élève certes, mais qui aime aussi se divertir : si je ne suis pas épanoui en dehors de l’école, c’est très compliqué de s’épanouir à l’école…
Le soutien indéfectible de sa mère Francisca
En Guyane depuis près de 20 ans, Francisca Reyes Aquino qui vient de la République Dominicaine, n’a jamais eu de difficultés avec Cristofe.
Tout ce que je souhaite c’est qu’il devienne quelqu’un de bien pour la Guyane, pour le pays. Une personne responsable qui sait que rien n’est facile dans la vie. Je suis très contente qu’il aille à Sciences Po, pour moi c’est une fierté. Nous avons toujours eu une bonne relation basée sur la communication. Chaque jour après l’école, il me racontait ce qu’il avait fait, comment cela s’était passé avec les professeurs… Son engagement avec les Frères de la Crik lui a été très profitable et j’ai beaucoup de respect pour les membres de l’association.
La séparation sera difficile pour ce « couple » fusionnel mais Francisca ira voir son fils à Poitiers dès qu’elle le pourra.
L’intégration à Sciences Po
Cela n’était pas forcément sa voie, souligne Cristofe :
Sciences Po, c’est une école sélective, certains sont meilleurs que moi et ont de meilleures notes. Je ne me basais donc pas sur cela au départ. J’envisageais une licence Administration et Echanges internationaux à Paris XII, pour ensuite revenir en Guyane. Je vais faire le bachelor avec la spécialisation Amérique Latine et ensuite un master, toujours à Sciences Po, dans le développement territorial ou du marketing et de la communication. Je reviendrai en Guyane après pour développer nos échanges avec les pays voisins.
Grâce à internet, Cristofe a découvert son campus à Poitiers. Il en connaît déjà bien les arcanes. Il fraiera, une fois de plus, avec des comparses d’origines très diverses.